Transcription
Le treize Ventose de l’an 2e
Petition des Citoyens Mouleurs à la Cour nationale
Citoyens représentans,
La loi du 19 Juillet qui garantit la propriété des auteurs d’écrits, Compositeurs de Musique, Peintres et dessinateurs a omis les Sculpteurs et les Mouleurs. C’est cette omission que nous venons vous prier de réparer.
Le moulage est à la Sculpture ce que l’art typographique est à la literature. C’est lui qui multiplie les productions du cyseau. L’art du moulleur n’exige ni les dons du genie, ni les talent de l’imitations, ni l’étude de la Nature. Ce n’est que par des procédés Méchaniques qu’il parvient à reproduire les empreintes de tout les genres de Sculpture. Mais ce Méchanisme est difficile et demande une longue experience. Le Moulage d’une figure exige aussi des avances de tems, de soins et d’argent assée considérables.
Cependant a peine un Mouleur a-t-il mis au jour quelques exemplaires de la figure dont le sculpteur lui aura cede le droit de Moulage qu’une race de frelons s’empare de sa propriétés. Nous parlons de ces surmouleur, veritables corsair habitués à vivre de proye et de butin. Ils se saisissent d’un de ces exemplaires sur le quel ils font ce qu’on appelle un surmoullés. Bientot ils inondent la Capitale et les Départemens d’emprintes difformes et contrfaites, dégradent par ces contrefaçons les ouvrages de l’art, et par le rabais auquel ils vendent, décourage les entreprises des veritable mouleur.
Depuis longtems les Mouleur gémissent de cette violation de propriété, mais en réclamant leurs droits ils ont aussi l’avantage de plaider la cause des Sculpteurs.
Le Statuaire n’a pas toujours l’occasion de developer ses pensées en marbre ou en bronze. Le plâtre matière moins belle et moins durable lui presente le moyent économique de les communiquer au public, d’en trafiquer et de les reproduire en les multipliant. Si le Statuaire comme il arrive souvent fait les avances du moulage, il est intéressé de meme que les Mouleurs a la repression de l’abus que nous vous dénoncons.
Peut etre se consoleroit-il des pertes que le brigandage lui fait éprouvés si son honneur ne se trouvoit encore compromis par l’inhabilités de ces ignorans qui, non content d’exercer impunément leur trafic de piraterie, semblent prendre à tâche de déshonorer les fruits de leur rapacité. Sous leurs mains avides et barbares les chefs d’œuvres même de l’antiquité, ces monuments devenus le code des proportions de la natures et des principes du Beau, travestis, mutilé, violés, estropiés de toutes manieres possible en presentent plus au bout de quelque tems que des traductions mensongères propres a égarer le jeune étudiant et meconnaissables même aux Maîtres de l’art.
Nous laisserons à ceux ci le soin de vous developer avec plus d’energie le tort que les arts et les artistes recoivent de ce genre de brigandage. C’est un bonheur pour nous que notre cause ait pu se lier à la leur.
Mais il doit nous suffir de vous avoir montré un ancient abus échappé à la hache de la revolutions, de vous avoir dénoncé une manifeste violation de propriété pour que nous ésperions de vous la protections que des citoyens patriotes industrieux et laborieux n’ont jamais reclamer en vain auprès de vous.
Nous demadons que la loi du 19 juillet 1793 soit applicables aux ouvrages des mouleur, et que vous prononciez quelle peine ou quelle amendes en courra le contrefacteur qui sans en avoir obtenu la permissions du propriétaire de Statues ou de Moulés sera surprise moulant, vendant et colportant des ouvrages de plâtres.