des libraires de Lyon n'est pas moins injuste que leur conduite est
criminelle; et que si ceux de Paris n'obtenoient la protection qu'ils
demandent il leur arriveroit ce que Cassiodore apelle le plus sensible
de tous les malheurs. C'est une chose bien dure ??? illustre ???
de se voir privé du fruit de son travail et de son industrie, au lieu d'une
juste recompense qu'on esperoit de ses soins, et souffrir injustement
quelque desavantage, Mais c'est eprouver ce qu'il y a de plus cruel
dans la vie, que de trouver sa ruine où l'on ne devoit attendre que
sa fortune.
Aujourd'hui les libraires de Paris auroient a craindre l'???
du proces que leur font les libraires de Lyon en s'oposant aux prolongations
de toute sorte de privileges, si la decision etoit entre les mains de
juges ou prevenus ou peu instruits, non seulement du danger où
seroient exposées toutes les familles de la librairie de Paris,
mais encore les interests et l'importance d'un art qui est le
depositaire de tous les autres, des lois et de la Religion.
Tous les bons princes ont toujours reconnu, que c'est par l'etude des
bonnes lettres que les peuples connaissent Dieu, qu'ils aprennent a le
servir, qu'ils scavent obeir aux souverains.
Et cette connaissance les a toujours porté a proteger ceux qui se sont
apliquez aux sciences ou qui s'y sont rendus utiles en quelque chose.
Que ne doivent donc point esperer les libraires de Paris de la justice
et de la bonté du Roy, a la magnificence duquel tous les arts doivent
leur perfection, qui a une inclination tout singuliere a faire du
bien a [tous] ceux qui servent utilement le public, et qui est bien persuadé
qu'un Etat sans literature est un Etat sans bonheur.
Apres cela qu'aprehenderoient les libraires de Paris ? Au contraire,
que n'ont-ils pas a se promettre de l'equité de Nos Seigneurs
du Conseil qui par des Reglements solides et dignes de leurs
lumieres retabliront sans doute le bonheur et la seureté dans une
profession, où ceux qui l'exercent avec honneur ont un si grand
besoin qu'on leur asseure les fruits de leur industrie et de leur
travail, et le repos de leurs familles.
[Left margin : quotation in Latin from Cassiodorus]